CIENTÍFICO: Por la mañana, científico en el laboratorio. Por la noche, espía en el supermercado.

Dans le monde des blogs il y en a de tout type. Les blogs de vulgarisation scientifique ne manquent pas sur la toile, et comme je parle plusieurs langues, j’ai la chance de pouvoir le lire sans devoir passer par le traducteur. Aujourd’hui je vais vous parler d’un blog qui est écrit en espagnol mais qui a fait une entrée en français, et que je vais retranscrire ici avec le permis de l’auteur. Cette entrée vous pouvez la trouver ici : https://www.scientiablog.com/

En effet, l’auteur du blog avait fait une conférence (en espagnol) et le Prof. José María González Marrón lui a proposé d’en faire un résumé en français pour pouvoir diffuser l’information en France. Comme le post de ce blog est en espagnol et français, je ne vais pas créer des documents à télécharger avec la traduction du présent, juste de ces deux premiers paragraphes. Sans plus, je vous laisse ici le résumé de cette conférence et, si vous êtes forts en espagnol, vous pouvez aller sur le site et la voir en vidéo.

« Le matin, scientifique au laboratoire.

Le soir, espion au supermarché »

(Choisir ce que nous mangeons avec des critères scientifiques)

Conférence du professeur José Manuel López Nicolás de l’Université de Biotechnologie de Murcie. Il est titulaire de la chaire du département de biochimie, et biologie moléculaire, professeur en biologie, technologie des aliments, biochimie et chercheur. Et accessoirement, divulgateur.

Il tient un blog « SCIENTIA », sur twiter : @ScientiaJMLN. Il a un profil sur Facebook

Il a écrit « Nuevos alimentos para el siglo XXI » en 2000 (Ed. Université de Murcia) Il y parle des aliments fonctionnels comme un espoir ; mais aujourd’hui il renie de ce livre car pour lui tout ce qu’il y dit s’est avéré faux. Son deuxième livre (Vamos a comprar mentiras : alimentos y cosméticos desmontados por la ciencia ; Vérités et mensonges : aliments et cosmétiques mis a nus par la science) Ed Calamo Espagne

son travail de recherche traite pour l’essentiel du domaine du « packing materials » : comment on met des médicaments ou fragrances dans des capsules pour que le produit soit distillé peu à peu ou à l’endroit souhaité moyennant un retardateur.

Il dit adorer faire de la divulgation parce qu’il s’amuse beaucoup en le faisant.

Sa conférence traite essentiellement des « aliments fonctionnels »

Ces aliments on les a toujours à la maison. Exemple, un lait enrichi en calcium ou vitamine D, un yaourt enrichi en omega3, etc.

La définition des aliments fonctionnels (FOSHU) vient du Japon : il s’agit d’un aliment différent d’un aliment traditionnel pouvant apporter quelque chose de plus.

Idée merveilleuse. Mais en fait l’une des plus grandes escroqueries alimentaires du XXIème siècle.

A l’origine il s’agissait d’ajouter aux aliments ce que les Japonais dépensaient en médicaments. A ne pas confondre avec les neutraceutical products : médicaments fabriqués avec des produits naturels (boissons, céréales, soupes) ; compléments alimentaires, etc. Exemple : l’aliment fonctionnel est une boisson avec des oméga3, le neutraceutical product serait la capsule d’oméga3.

L’idée de départ, pour les Japonais c’est que « l’effet positif pour la santé devait venir du produit final et non d’un de ses composants pris individuellement».

Il y a plusieurs types d’aliments fonctionnels :

  • Ceux auxquels on a ajouté quelque chose : un lait enrichi en oméga 3
  • Ceux auxquels on a enlevé quelque chose ; ce sont les aliments « sans » : sans lactose.
  • Ceux auxquels on a substitué quelque chose : on substitue un sucre par autre pour les personnes diabétiques p. ex.
  • Ceux dont on a augmenté un composant déjà présent : du lait enrichi en calcium
  • Ceux dont on augmente la biodisponibilité d’un composant déjà positif : pour réduire le cholestérol, p. ex.

Deux d’entre eux sont les plus représentés dans nos supermarchés : il s’agit des aliments « sans » et les aliments « avec ». Les premiers utilisent l’argument « peur ». Les autres sont là pour se fichent littéralement de nous.

Et il ne s’agit pas uniquement d’un problème économique, mais surtout d’un problème de santé.

1.- Les aliments « sans » : ils sont à la mode. Sans lactose, sans gluten, sans additifs, sans colorants, sans conservateurs, etc.

Si on donne à choisir à quelqu’un entre un aliment « naturel, bio » et un autre « chimique, synthétique, artificiel », lequel va-t-il choisir ? Le premier. Pourquoi ? Il parait meilleur. Ça sonne mieux. La chimie ça fait peur. Et si on présentait un produit naturel de façon chimique ?

Voyons une pomme et voyons ses composants : eau, huiles végétales, sucres, amidon, carotène (E160), tocophérol, (E306), riboflavine (E301), nicotinamide, acide pantothénique, acétaldéhyde, biotine, acide folique, acide ascorbique (E300), acide palmitique, acide stéarique (E570), acide linoléique, acide malique (E296), acide oxalique, anthocyanines (E163), cellulose (E460), acide salicylique, fructose, purines, sodium, potassium (E252), manganèse, fer, phosphore, clore, colorants, antioxydants. Ça peut faire peur !

Mais l’important n’est pas le composant mais son principe actif. La vitamine C est exactement la même si on l’obtient en laboratoire ou en pressant un citron. L’une est obtenue artificiellement et l’autre vient du jardin de papi. Mais c’est le même produit.

L’important c’est aussi sa concentration et partant son caractère toxique ou efficace : au dessus d’une certaine concentration le produit aura une efficacité ou une certaine toxicité.

Un exemple : Arnold Schwarzenegger, grand chimiophobe devant l’éternel, avait appris que le Coca-Cola et le Pepsi-Cola contenaient un additif caramélisantpotentiellement cancérigène. Les scientifiques ont étudié la question : il fallait boire 60 canettes de Coca-Cola par jour pour que ce caramélisant produise le cancer…

En Espagne, l’analgésique Dalsy pour bébés (à l’ibuprofène) a subi une campagne de dénigrement de la part d’une association de consommateurs qui avançait l’idée qu’avec l’un des additifs de ce produit (un colorant azoïque) les enfants pouvaient avoir une crise d’anxiété et d’excitation. Le propre conférencier a calculé combien il faudrait en administrer à sa propre fille pour obtenir ces symptômes négatifs : en raison de son âge et de son poids il lui aurait fallu quatre bouteilles tous les quarts d’heure ! On ignore la raison pour laquelle l’association de consommateurs avait maintenu pendant si longtemps la page en question. Le conséquence à la question fut la chute des ventes du produit au bénéfice du concurrent.

Passons aux conservateurs et aux colorants. Mauvais vous dites ? Erreur. Heureusement qu’ils sont là

Car c’est grâce à eux qu’on mange et qu’on boit tous les jours. Et tous ces produits sont très contrôlés car ils ont passé toutes sortes d’inspections pour que, à la dose ingérée par nous, ils soient totalement inoffensifs. Il y a des pays où les messages du genre « sans additifs et sans colorants » sont interdits car la réglementation européenne stipule que personne ne peut dénigrer un ingrédient qui ait été autorisé par la loi. Annoncer qu’un produit n’a pas ceci ou cela signifie qu’il est bon pour cette raison et que les autres ne le sont pas et qu’on ne doit pas les acheter. On va plus loin : en Espagne une entreprise de confitures commercialise un produit « sans cochonneries » ; de plus, dans la liste des ingrédients aucun conservateur et aucun additif n’est mentionné avec le code E correspondant. Le consommateur se dit alors : voici un produit sans conservateurs et sans additifs (je ne vois pas de E) et j’achète.

Il y a des produits (Danone p. ex.) qui se vantent de n’avoir ni conservateurs, ni colorants, ni additifs, mais qui ont plus de sucre que la dose journalière conseillée par l’OMS. Et ceci sans tenir compte du sucre que nous absorbons quotidiennement à travers d’autres aliments.

Moralité ? Il y a une certaine ambigüité à prôner des produits sans ceci ou sans cela pour finalement proposer un produit avec une quantité de sucre « caché » mauvais pour la santé (p. ex. 10,6 gr pour 100 gr de produit dans une bouteille de 280 gr. Soit 30gr de sucre, plus que ce qui est recommandé quotidiennement par l’OMS).

Toujours à propos des produits « sans ». Certains se vantent de ne pas contenir de l’huile de palme. Qu’en est-il de l’huile de palme ? Est-ce bon ? Pas très bon, en effet. Mais à quelle dose ? Pourquoi l’utilise-t-on ? Elle n’est pas chère et les caractéristiques gustatives sont très appréciées par le consommateur : c’est une question de goût. Elle entraine des problèmes graves de déforestation connus de tous. Le problème récent vient surtout du fait que l’Efsa (l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) oblige désormais de spécifier l’origine des huiles végétales alors qu’auparavant il suffisait juste de mentionner « huile végétale ». Il semble que lorsqu’on utilise cette huile dans la friture elle dégage deux composants potentiellement cancérigènes. Mais, l’utilisons-nous dans nos fritures ? Non ! L’huile de palme s’utilise dans les produits ultra transformés (margarine, gâteaux industriels, céréales petit déjeuner, chocolats industriels, etc.). Tous des produits à éviter en grande quantité. Mais ces produits ne seraient pas meilleurs si on la remplaçait par une autre huile. Ce serait toujours des produits à éviter.

Moralité. Pour un supermarché c’est plus attrayant d’inscrire « sans additifs, libre de pesticides, sans huile de palme, etc. ». Il s’agit uniquement d’un argument de vente.

Voyons maintenant les produits « sans lactose ». Qu’en est-il ? On nous a fait croire que le lactose était mauvais pour ceux qui ne le tolèrent pas mais aussi pour ceux qui le tolèrent.

Il en va de même pour les aliments « sans gluten ». Si on est céliaque, c’est normal de ne pas manger des aliments contenant du gluten. Mais la publicité nous induit à penser que le gluten est mauvais en général. Peut-on avoir du pain sans gluten ? Oui ! Une entreprise espagnole a mis au point une variété de blé sans gliadines (responsables de la présence du gluten dans les céréales). Mais il y a un problème : il est OGM. Et ça, en Europe c’est tabou ! L’entreprise espagnole devra chercher des solutions hors d’Europe : la produire et la commercialiser ailleurs. Ridicule. Là on bute sur un interdit encore plus grand. La pression du « sans OGM » est la pire de toutes ces pressions dans le domaine du « sans ». Là il faut faire allusion à tous les produits annoncés « sans OGM » qui créent et maintiennent ce mythe de la nocivité des OGM. Même si nous importons des OGM en quantités industrielles mais dont nos industriels ne peuvent pas en bénéficier. C’est un dogme typiquement européen.

Dans le domaine des OGM, le conférencier a dirigé une chaire à l’université sur « les nouveaux aliments ». Il posait deux questions initiales ; « mangeriez-vous un produit avec des OGM ? ». La réponse était à 90% non. La deuxième question était : « mangeriez vous une tomate avec des gènes ? ». Même réponse : « NON » à 90%. Ridicule, car tous les tomates ont des gènes. L’inculture populaire est la base de cette question sur les OGM. Et ça va plus loin. On assiste à la création (par Greenpeace, par exemple) des listes rouges et vertes d’aliments sans ou avec OGM.

Or, les OGM sont les aliments les plus sécurisés car ils ont passé toute une série de contrôles que la plupart des aliments conventionnels n’auraient pas réussi à franchir. Ces listes rouges ont un effet redoutable auprès des fabricants et des intermédiaires. Personne ne veut figurer dans la partie rouge de la liste. Et ça va plus loin : à cause de ces listes, les fabricants ne voudront plus travailler en recherche et développement pour aider les chercheurs à développer le domaine des OGM. Les dés sont pipés : tous les messages publicitaires à propos des « sans » et « avec », même s’ils ne reposent sur aucune vérité scientifique, ont une répercussion capitale sur la société avec des conséquences fondamentales de tout ordre. On assiste à un effet domino (consommateur, commerçant, fabricant, chercheur) avec à la clef, du chômage et des fermetures d’entreprises.

Le bio : pour le conférencier les produits bio ne sont ni meilleurs du point de vue nutritif, ni plus sûrs. Ils ne sont pas meilleurs ni au goût ni pour l’environnement. Ils sont tout simplement plus chers.

Sur les pesticides il y a un rapport officiel de l’agence européenne à propos de la sécurité alimentaire : 98,9% des produits analysés sont dans les normes de sécurité par rapport aux pesticides et très loin des indices qui pourraient provoquer un danger pour notre sécurité alimentaire. Donc : il faut oublier le chapitre sur les pesticides. Nos aliments sont sûrs. On n’a jamais été dans une telle situation de sécurité alimentaire.

Il est donc irresponsable de communiquer sur l’idée de « sans pesticides » car cela provoque deux réactions dans la société. Tout d’abord qu’on est dans une jungle dangereuse et que tous les autres produits que celui qui appose cette précision, utilisent des pesticides.

Sur les additifs et des pesticides les gens sont pleins de préjugés. Au point que le conférencier a été appelé lors d’un jugement. Pourquoi faire ? Il devait s’assurer que les juges n’avaient aucun apriori anti chimie !

Une enquête récente dévoile que, en Europe, le consommateur est prêt à payer un produit sans additifs jusqu’à 3 fois plus. Ceci est absurde.

2.- Les aliments « avec » : cette histoire des aliments « avec » est une mauvaise blague, une véritable escroquerie. Les entreprises du secteur alimentaire et cosmétique profitent des grandes lacunes en matière scientifique pour utiliser ce que le conférencier appelle le « marketing pseudo-scientifique » : il s’agit d’utiliser des accroches commerciales qui ont un semblant scientifique (sans aucune rigueur scientifique) pour vendre. Ex : « ceci réduit le cholestérol, il aide le système immunitaire, il développe le rendement cognitif, il protège ceci et cela ». Tout un jargon d’apparence scientifique dit par un homme en blouse blanche…

Parmi les aliments « avec » nous avons des produits qui, il y a quelques années, se vantaient sans vergogne de tout dans leur publicité : d’aider le métabolisme, le système immunitaire, l’appareil digestif, la mémoire, faire descendre le cholestérol, guérir le cancer, etc. Pourquoi ? Il n’y avait pas de cadre juridique.

C’est là qu’intervient la création de l’Efsa (l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) qui a demandé aux entreprises les raisons scientifiques qui pourraient étayer leurs affirmations commerciales. Parmi les premières 50.000 demandes des entreprises pour continuer à affirmer ce type de bénéfices, seules 222 réussirent à obtenir (moins de 0.5%) l’autorisation de l’Efsa. Cela signifiait que, auparavant, toutes ces entreprises trompaient le consommateur et que, désormais on pouvait être rassurés. Le consommateur va-t-il gagner ?

Eh, non. Les entreprises savent contourner tous les obstacles. Elles ont observé les ingrédients qui avaient réussi l’épreuve : essentiellement des vitamines et des minéraux ; un peu d’omega3, de fibre ; mais c’est tout. Par contre, d’après l’étude de l’Efsa, beaucoup d’autres produits n’avaient aucune incidence sur la santé : les isoflavones qui n’atténuent pas les soucis de la ménopause, l’acide linoléique n’aide pas à maigrir, le collagène ou l’acide hyaluronique n’ont pas d’incidence sur les articulations, la taurine n’est pas un fortifiant, les peptides ne font pas baisser la tension, et les lactobacilles n’aident en rien le système immunitaire, etc.

C’était la fin de leur marketing basé sur des produits inefficaces. Du coup les entreprises ont réagi en inventant le « coup de l’astérisque ». Il s’avère que si, à un produit on introduit 15% de la quantité quotidienne conseillée de l’un des éléments autorisés par l’EFSA, on peut continuer à vendre le produit en disant qu’il a des bénéfices. Mais il faut ajouter un astérisque en précisant que l’élément qui produit le bénéfice n’est pas la taurine, le ginseng ou le produit vanté dans la publicité, mais celui qu’on a ajouté (oméga 3, vitamine C, etc.). Et le tour est joué !

Exemples :

– Un produit laitier avec une grande inscription « Lactobacille casei » avec la précision « participe à un meilleur fonctionnement du système immunitaire ». La loi interdit d’associer les deux termes. L’astuce est d’ajouter un astérisque après « immunitaire » qui renvoie à une indication derrière la boite précisant que c’est la vitamine B6 (dont on a ajouté le 15% de la quantité moyenne quotidienne) qui participe au système immunitaire et non le produit mis en exergue dans la boite. En Europe nous consommons de la vitamine B6 en quantités plus que nécessaires : dans une seule banane il y a 3 fois plus de B6 que dans ce produit laitier (qui, de plus, se vante de ne pas contenir de gluten). Le comble !

– un produit contre la chute des cheveux, fortifiant les ongles, etc., avec des lacto-lycopène (produit inconnu), isoflavone de soja (rejeté par UE), mais qui contient de la vitamine C à hauteur de 15% avec son astérisque : cela lui permet d’ajouter qu’il peut « prévenir ceci et cela »

– un produit pour la mémoire avec de la taurine, gelée royale, de la fosfato-lycone et du fosfaltidil seine mais avec du phosphore (15%) avec son astérisque. Pour rappel, une sardine contient autant de phosphore que 3 boites de ce célèbre produit pour la mémoire…

Tout ceci a un rapport avec ce que l’on appelle le nutritionisme, qui base les propriétés d’un produit sur ses ingrédients individuels. L’erreur est d’imaginer que, parce que tel produit contient tel élément bénéfique dans la quantité souhaitée, soit bénéfique dans sa totalité ; car d’autres éléments du produit peuvent être nuisibles.

Par exemple : le vin contient du resveratrol qui est un poly phénol anti-âge très positif pour la santé cardiovasculaire. Le vin est donc bon ? NON, car il y a aussi de l’alcool. Ce n’est pas parce qu’il a du resveratrol qu’il faut boire du vin. Dans un bar on ne peut pas commander un verre de resveratrol !

Il ya plein d’exemples de produits pour les enfants qui contiennent des vitamines et des omega 3, DHA, du fer, etc., mais qui sont chargés en sucres ajoutés. Vous achetez quelque chose de bon pour vos enfants et vous les bourrez de sucre ! Absurde !

C’est la même chose pour les boissons énergétiques: il y en a qui ont des vitamines mais aussi jusqu’à 73 gr de sucre (l’équivalent à 15 morceaux) dans chaque boite.

Bref, nous sommes dans une société où l’on achète un produit soi disant bénéfique pour la santé (il contient des vitamines ou des minéraux) mais certains de ses composants nous rendent malades (sucre, sel, graisses). Il faudrait un règlement européen qui stipule si le produit final est bon ou non pour la santé. Un règlement qui tienne compte de tout le produit et non de l’un de ses ingrédients.

Beaucoup de produits à 0% de sucre sont saturés en matières grasses ; et si c’est 0% de gras, plein de sucre.

Par contre le seul produit qui ne contient que du sucre, à part le sucre, ce sont les pilules d’homéopathie.

Et tout ça a un impact en matière de recherche et développement.

Exemple : Une entreprise reçoit un scientifique qui lui propose de développer pour elle un nouveau produit. Par exemple, extraire un peptide d’une algue, voir si cela fonctionne en cultures cellulaires, en animaux inférieurs, en animaux supérieurs, en humains, au long terme. Ceci est la démarche scientifique normale. Et il lui faut des mois et un million d’euros. Que fait l’entreprise ? Rien. Tant que ce système du 15% existe, l’entreprise peut inscrire sur le produit la mention qu’il s’agit d’un nouveau produit en ajutant 15% de n’importe quel autre produit déjà approuvé par l’Efsa. Il n’aura pas à faire de la recherche et développement tant qu’il y aura cette astuce de l’astérisque et du rajout de 15%. L’investissement en recherche tombera à zéro. Avec un jet de citron ou un peu de potassium, le tour est joué. N’importe quel produit, même le pire, avec les pires ingrédients, il suffira d’ajouter un jet de citron pour qu’il puisse se vanter d’être un produit qui aide le système immunitaire ! Ceci n’est pas bon pour la petite et moyenne entreprise qui ne pourra pas concurrencer.

Solutions ? D’abord changer les pyramides nutritionnelles et considérer que la seule bonne est la pyramide australienne et l’assiette de Harvard.

Il existe une application de l’EFSA (efsajournal) où l’on inscrit les ingrédients d’un produit et on sait immédiatement s’il est salutaire ou non. On est renvoyé à des tableaux pour choisir.

Les responsables ?

  1. Les entreprises qui camouflent les astérisques et qui ne tiennent pas compte de la loi sur la publicité qui considère illégal toute publicité qui, même véridique, peut induire le consommateur en erreur et modifier ses habitudes d’achat.
  2. L’UE: des scientifiques se sont réunis à Bruxelles pour changer ce règlement (viser le produit et non l’ingrédient). La loi étant prête, elle a été présentée au parlement. Enorme fiasco. Les parlementaires ont désavoué les scientifiques en la rejetant. Trop de lobbys.
  3. Les gouvernements nationaux car partout il y a des produits qui enfreignent les lois ; mais on dirait que les gouvernements regardent ailleurs. Et même lorsque les entreprises sont prises sur le fait, les amendes sont telles que pour elles il est rentable d’être dans l’illégalité.
  4. Les « Fondations» : Beaucoup de fondations (Association Nationale pour le Cœur ; Fondation pour le Cancer ; pour le Cœur ; etc.) sponsorisent des produits. Le problème est que, parmi les sponsors de ces associations ou fondations, il y a des entreprises du secteur. D’où un conflit d’intérêt.
  5. Les moyens de communication: ils sont coupables de donner la parole à des journalistes ou des intervenants très en vogue qui n’ont aucune autorité dans le domaine mais qui parlent de l’aluminium sur les vaccins, des citrons qui soignent tout, etc. Leur audience fait des ravages.
  6. Les célébrités. Rapha Nadal p. ex., prête son nom à un produit au collagène marin (l’Efsa ne l’a pas accepté). Bien sûr, on y a ajouté de la Vitamine C. Pau Gasol, le Tony Parker espagnol, prête son image pour annoncer une bière isotonique pour les sportifs ! Il a fallu qu’une association des médecins en Espagne se fâche pour que la bière soit retirée car rien dans ce produit n’était bénéfique pour un sportif. Sergio Llull, joueur vedette du Real Madrid Basket, fait la promotion de Red Bull durant un match.
  7. Les scientifiques: le CSIC (équivalent espagnol du CNRS), a accepté d’inscrire son nom sur les boites de Revidox (complément alimentaire qui inclut le célèbre resveratrol) car il certifie que ce produit a été extrait du raisin.
  8. Les pharmacies: elles sont devenues des véritables bazars où on voit des présentations de compléments alimentaires, des vaccins homéopathiques, du lait pour enfants « 0% toxique » (comme si les autres l’étaient), etc.
  9. Nous-mêmes, les consommateurs. Nous sommes coupables de ne jamais dénoncer certains de ces faits aux associations de consommateurs. Nous ne lisons jamais dans les programmes politiques le chapitre sur la santé et la science.

Conclusion. Le conférencier a essayé de démontrer que, même si certaines entreprises font très bien leur métier, dans une sécurité alimentaire comme jamais on l’a eue dans notre société, ce domaine est un authentique chaos qui impacte nos portemonnaies, mais aussi la recherche, le développement et l’innovation ; qui a un impact négatif sur des disciplines de recherche comme la biotechnologie (recherche sur les OGM, etc.), et un effet très négatif sur la santé de la population qui consomme des produits soi-disant bénéfiques mais en réalité catastrophiques pour sa santé. C’est le monde à l’envers.

Un changement s’impose. Passer d’une société basée sur les erreurs, les escroqueries, les demi-vérités où on trompe tout le monde, à une société basée sur le respect. Pour acheter un téléphone on fait confiance à celui qui les vend, de même que pour les costumes ou pour faire réparer sa voiture. Tous pourraient nous tromper et nous vendre un téléphone de 30€ à 800€, un costume de 80€ pour 1.000€, nous faire payer 800€ une révision de la voiture de 150€. Pourquoi les industries alimentaires nous mystifient-elles ? Que deviendrait le monde si chacun, dans son domaine trompait toute la société ? Il faut passer d’une société basée sur la fraude à celle basée sur le respect. Ce changement concerne beaucoup d’acteurs comme les entreprises, les pharmacies, le législateur, les politiciens, les médecins, les écoles, les lycées, les universités, les hôpitaux, les médias, les centres de santé. Jadis, la supercherie était dans les mains des magiciens et les cartomanciennes. Il faut réagir.

Le conférencier sait que c’est difficile et parfois il est découragé. Il est fonctionnaire et il n’est pas Don Quichotte. Son boulot est d’alerter.

A la fin de sa conférence, il invite tous à devenir des récepteurs du message et de le relayer. Il ne faut pas baisser les bras ; il faut penser à nos enfants, aux générations futures.

Cela dépend de nous que la société dans laquelle vivront nos enfants soit meilleure que la nôtre.

José María González Marrón

Deja un comentario

Tu dirección de correo electrónico no será publicada. Los campos obligatorios están marcados con *

Este sitio usa Akismet para reducir el spam. Aprende cómo se procesan los datos de tus comentarios.